La « Diagonale Aride » est un espace géographique s’étendant des Ardennes jusqu’au Cantal, au pied du Massif Central. Cette expression aussi connue sous le nom de ‘’Diagonale du Vide’’ n’a pas d’auteur bien défini. Le géographe Roger Béteille serait l’inventeur involontaire de cette expression dans son ouvrage « La France du Vide ». Elle définit un ensemble de régions marquées par une désertification rurale forte. Elle ne présente aucun caractère à priori repoussant (climat, précipitations, relief) et ceci malgré son nom qui évoque le désert. D’après l’INSEE2, un renouveau démographique des espaces ruraux Français, démarré en 1990, s’est confirmé et amplifié depuis. Cette diagonale aride ne court plus jusqu’aux Pyrénées, car au cours des années 2000 les derniers départements du Sud-Ouest qui étaient touchés par l’exode rural 3 sont parvenus à y mettre fin. En revanche, Ardennes et Haute-Marne, Aisne, Vosges et Haute-Saône, Côte-d’Or et Nièvre, Allier, Cantal, Puy-de-Dôme et Creuse voient la population de leurs espaces ruraux continuer à baisser et cela depuis une quarantaine d’années, confirmant ainsi la persistance de « La Diagonale Aride » Centre et Nord. Mon travail dans le territoire de cette « Diagonale Aride », au cours de ces derniers mois, à été guidé par le besoin de vérifier la réalité de cette dénomination. Étant donné l’étendue géographique à couvrir, il a été impératif de réaliser un travail préparatoire sur les lieux à photographier et le parcours à accomplir. J’ai donc choisi quelques sites historiques ou géographiques, évocateurs de ce territoire, tels que la forêt de Tronçais, plus ancienne futaie de chênes de France, le mémorial Général de Gaulle à Colombey les Deux Eglises… Au total environ 2500 km parcourus, chaque jour 8 à 12 km de marche et une dizaine de nuits d’hôtel pour une cinquantaine d’images. Lors de ce périple, j’ai éprouvé le dépaysement du voyageur, j’ai été surpris par des monuments incongrus qui semblaient sortir de nulle part, j’ai vécu des grands moments de solitude dans des hôtels sans âme. Avec l’expérience de ce voyage, je constate la particularité de cette diagonale aride par rapport au reste de la France. Ce nom, quelque peu péjoratif, n’a pas été donné par hasard. Aux visiteurs de passage de creuser ce qu’il y a à voir, de débusquer les curiosités laissées au second plan, de revêtir le costume de l’explorateur avide de découvertes.